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Fusions d’OBNL: Une démarche stratégique pour traverser la tempête ensemble
Par Laurent Morisset, MBA, conseiller stratégique chez OBNL360
20 ans d’accompagnement du milieu des OBNL
Depuis plusieurs années, mais encore plus pendant la dernière année, les organisations à but non lucratif du Québec font face à une conjoncture particulièrement difficile. Pressions financières croissantes, rareté de la main-d’œuvre, essoufflement du bénévolat, gouvernance à bout de souffle, transformation numérique inachevée… le tableau est préoccupant.
Dans ce contexte, plusieurs conseils d’administration et directions générales cherchent à sortir de la logique de survie. Il devient nécessaire, parfois vital, de réfléchir autrement, d’oser des avenues structurantes. L’une d’elles, bien que souvent évitée ou mal comprise, s’avère pourtant porteuse: la fusion entre deux ou plusieurs OBNL.
Avec plus de 20 ans d’expérience aux premières loges de l’accompagnement stratégique dans le secteur, je peux affirmer ceci: lorsqu’elle est bien préparée, bien réfléchie et bien encadrée, la fusion peut devenir un formidable levier de pérennité, de cohérence et de croissance d’impact.
Fusion: une démarche stratégique, pas une solution de dernier recours
Trop souvent, la fusion est perçue comme une ultime tentative de sauvetage. C’est une erreur. Fusionner, c’est avant tout poser un geste de leadership et de vision. C’est reconnaître que les ressources (humaines, financières, matérielles) peuvent être mieux utilisées, que des expertises peuvent être mises en commun, et que des missions complémentaires peuvent converger pour générer un effet plus grand.
Mais soyons clairs: une fusion, ce n’est pas juste une formalité administrative, comptable et juridique. C’est un processus managérial et humain complexe, structuré et hautement stratégique, qui doit être guidé avec méthode et humilité.
Sommaire des 9 grandes étapes d’une fusion réussie
1. Préparation initiale et analyse stratégique: Vérifier que les deux organisations partagent des raisons claires de fusionner (améliorer leur impact, optimiser leurs ressources ou renforcer leur pertinence). Évaluer sommairement leur compatibilité (culture, mission, valeurs, finances, gouvernance) et anticiper les risques.
2. Engagement et approbation des conseils d’administration: Les conseils doivent être les moteurs du processus. Ils se rencontrent, un comité de fusion mixte est formé, et une consultation structurée auprès des parties prenantes s’amorce pour bâtir la confiance.
3. Audit opérationnel: Les structures RH et les processus internes des deux organisations sont analysés pour s’assurer d’une base saine et identifier les compatibilités et divergences.
4. Audit financier et juridique: C’est parfois le moment d’impliquer comptables et avocats — sans prolonger inutilement l’exercice, car cela peut coûter cher. Transparence absolue: les finances, les obligations légales et les passifs doivent être déclarés et compatibles.
5. Planification de la fusion: Définition de la vision commune, structuration de la future gouvernance, élaboration d’un plan RH (qui reste, qui part). Un budget de transition est aussi établi.
6. Négociation des termes légaux: Formalisation des modalités, soit répartition des rôles, rédaction des documents juridiques, approbation par les CA et dépôt auprès des autorités compétentes.
7. Intégration organisationnelle: Harmonisation des équipes, processus, systèmes et cultures organisationnelles. C’est le cœur du changement.
8. Communication externe: Une stratégie claire et mobilisatrice rassure donateurs, partenaires, employés, médias et communautés.
9. Suivi et évaluation: Mise en place d’un tableau de bord de transition pour suivre les indicateurs de succès, évaluer l’impact réel et ajuster le tir au besoin.
Un accompagnement neutre, structurant et humain: une condition de succès
La fusion touche à des enjeux délicats: gouvernance, identité, pouvoir, ressources humaines. Elle génère inévitablement des émotions, des tensions, des doutes. D’où l’importance de se faire accompagner par une personne ou une équipe neutre, expérimentée, capable de bâtir un cadre de confiance et une feuille de route rigoureuse.
C’est ce que vous devez rechercher comme accompagnement: une approche ancrée dans la réalité des OBNL, respectueuse des missions, mais lucide sur les enjeux de gestion et de durabilité. Une approche qui valorise la concertation, la transparence et l’intérêt collectif avant tout.
Conclusion: choisir la fusion, c’est choisir d’évoluer ensemble
En ces temps incertains, il ne suffit plus de tenir le cap: il faut parfois savoir redéfinir la trajectoire. Pour certains OBNL, la fusion ne sera pas la réponse. Mais pour d’autres, elle pourrait bien être l’occasion de se réinventer, de consolider leurs forces et de faire un pas de plus vers leur mission sociale.
Réfléchir à une fusion, c’est choisir d’anticiper, de planifier et d’agir. C’est choisir de ne pas subir le changement, mais de le provoquer. Et, surtout, c’est se rappeler qu’ensemble, on peut aller plus loin.
Souhaitez-vous amorcer une réflexion sur une possible fusion? Vous avez des questions, des craintes ou des opportunités à explorer? N’hésitez pas à nous contacter.